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I - L'art d'habiter et l'évolution de l'habitat

 

          A) Histoire de l'habitat

 

     - Préhistoire :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Habitat nomade

 

 

Les premiers hommes ayant vécu au début de la préhistoire étaient nomades et se déplaçaient ainsi régulièrement en fonction des saisons, des migrations ou encore des ressources alimentaires. Ils s'abritent à l'entrée des grottes ou habitent dans des huttes confectionnées à l'aide de branchages, d'ossements et de peaux de bêtes.

 

L'habitat nomade a pour seul but de se protéger des intempéries et des animaux sauvages. Il devait ainsi être facile à planter comme à enlever et à déplacer d'un endroit à un autre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Habitats sédentaires formant de petits villages

 

 

Il y a environ 12 000 ans, l'homme devint sédentaire. Il invente l'élevage et l'agriculture lui permettant ainsi de subvenir à ses besoins en termes de nourriture, qu’il se procure sans se déplacer. Il habite désormais dans des petits villages aux maisons rondes faites de bois, de terre et de feuillage. L'intérieur est très sombre car il n'y a pas de fenêtres. Un feu installé au centre de la pièce permet de l'éclairer mais aussi de la réchauffer.

 

C'est donc un abri fixe et durable, fait pour durer dans le temps, pour se protéger des intempéries et des animaux sauvages. Mais de nouveaux besoins apparaissent comme le fait d'y passer plus de temps que dans un habitat nomade. Il a aussi permis l’apparition de petits villages.

 

     - Antiquité :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Premières villes

 

 

L'évolution de l'habitat est forte dans certains pays méditerranéens comme l’Égypte ou encore la Mésopotamie. Les maisons sont de style carré et sont disposées les unes contre les autres pour former des rues. C'est ainsi que naissent les villes.

 

A la même époque, en Gaule, l'évolution de l'habitat est moins importante. Les matériaux utilisés sont tous disponibles à proximité : structure et charpente en bois, murs en torchis, toit de paille pouvant aller jusqu'au sol. Les hommes et les bêtes domestiques vivent ensemble pour se tenir chaud. Un grenier a pour rôle de protéger les récoltes de l'humidité et des prédateurs et peut également constituer un lieu plus chaud pour dormir. Un foyer est également présent au centre de la pièce.

 

Les besoins évoluent donc en fonction du temps. Il y en a bien plus que pendant la préhistoire. Il faut maintenant loger plus d'habitants en un même lieu, améliorer le confort grâce aux évolutions techniques, se protéger des intempéries, protéger les récoltes et les animaux et permettre le regroupement en ville ou village.

 

     - Moyen Age :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Habitats du Moyen-Âge

 

 

Le château fort apparaît à la fin du IXe siècle. La défense du territoire se fait grâce à la motte, souvent artificielle, surmontée d’une tour carrée en bois. Dans les villes, les maisons, plus étroites, sont bâties en hauteur pour gagner de la place et ainsi permettre la construction et le regroupement de plus d'habitations. La pierre est uniquement utilisée pour les édifices publics et religieux, ainsi que pour les demeures des nobles.

 

En plus des besoins principaux, d'autres viennent s'en rajouter comme le fait de protéger le territoire mais aussi celui d'honorer l'église.

     - Temps modernes: 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Habitat des Temps modernes

 

 

Au XVIe siècle, l'architecture de la Renaissance venue d'Italie se propage en Europe. Les châteaux perdent leur fonction militaire pour devenir des résidences prestigieuses. Les riches demeures sont inspirées de l’architecture romaine de part leurs formes, leurs colonnes et leurs proportions. Les façades sont symétriques et possèdent des fenêtres en verre afin de laisser filtrer la lumière.

 

Suite à la révolution industrielle et la maîtrise de l'acier et du ciment, de nouveaux matériaux vont être utilisés. Les logements pour les ouvriers se situent désormais à proximité des usines. Ces logements de brique, tous identiques, sont sans confort permettant juste le logement de la main d’œuvre de l'usine ou sont encore des habitations à bas prix.

 

Là encore les besoins ne sont plus les même. En plus de se protéger des intempéries, il y a le fait de bâtir des infrastructures plus importantes avec plus de confort, de montrer son pouvoir et sa richesse et enfin suivre la mode de l'époque influencée par l'architecture de la Renaissance, venue d'Italie.

 

     - Monde contemporain :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Habitat contemporain

 

 

Le développement des villes et l'exode rural marquent le XXe siècle. On assiste à l’apparition des immeubles avec de nouveaux matériaux tels que le béton, l'acier, le verre ou encore l'aluminium. Il est nécessaire de construire rapidement, d’où la naissance de nouvelles cités. Les progrès, au niveau du confort domestique, sont nombreux avec l'arrivée de l'eau courante, le gaz et l'électricité, les toilettes … A partir de 1975, l'exode rural fait son apparition : avec le développement des réseaux routiers et la démocratisation de la voiture de nombreuses personnes vont être intéressés par un pavillon de plus en plus loin en dehors de la ville. Les besoins ont beaucoup évolué, il faut maintenant se protéger des intempéries, se loger sans payer trop cher, améliorer le confort tout en visant la modernité, posséder un habitat individuel et améliorer le bien-être.

 

     - Habitat de demain :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout comme pour les autres habitats, celui de demain devra répondre à des besoins différents tels que respecter l'environnement, être pratique, confortable et économique mais sans oublier les besoins principaux comme se protéger des intempéries …

 

Après avoir étudié l’évolution de l’habitat selon les époques, nous allons nous intéresser à la définition d’habiter pour un philosophe.

 

          B) Qu'est-ce-qu'habiter, Heidegger

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Martin Heidegger, philosophe du XXe siècle

 

 

L’habitat n’est pas un sujet très exploité par les philosophes. Cependant, Martin Heidegger s’y intéresse dans une conférence intitulée « Bâtir, habiter, penser ». Il expose ainsi sa vision personnelle du sujet, que nous allons essayer de comprendre.

 

Heidegger ne s’intéresse pas au sujet sur le point de vue technique (architecture), mais plutôt sur le plan philosophique. Il se questionne ainsi sur ce qu’est l’habitation, et plus particulièrement à ce que l’on entend par habiter.
 

Tout d’abord, il dissocie habitation et logement. Il définit ainsi le logement comme un local et associe les termes « loger » et « contenir ». Mais, dans ce cas, un cercueil peut lui aussi être considéré comme un logement. De plus, il explique qu’habiter a également un rapport avec le comportement humain. L’habitation est pour lui le socle fondateur, « le trait fondamental de la condition humaine » car elle constitue un moyen d’appartenir au monde. Un homme est donc avant tout un habitant.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La notion de « Quadriparti » selon Heidegger
 

 

Ensuite, Heidegger définit la notion d’habiter sous plusieurs aspects. Il s’agit non seulement de « séjourner sur la terre », mais aussi de « vivre sous le ciel », « demeurer devant les divins » et « appartenir à la communauté des hommes ». Il expose ainsi ce qu’il appelle le « Quadriparti » ou encore « Les Quatre ». Ainsi, la notion d’habiter consiste au fait d’être dans le Quadriparti, et l’habitation désigne alors le fait de respecter ses quatre notions, qui sont :

 

  • sauver la terre : il s’agit de la protéger, de la libérer et de ne pas en tirer profit pour l’épuiser.

 

  • accueillir le ciel : laisser « les rythmes célestes et naturels » accomplir leur œuvre et ne pas les modifier.

 

  • attendre les divins : croire en une divinité, un être supérieur.

 

  • aller vers la mort : ne pas avoir une vision négative de la mort mais l’accepter en tant que mortel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pont de la rivière de l’est, Ile de la Réunion

 

 

Qui plus est, d’après Heidegger, bâtir consiste à « édifier des choses ». Pour illustrer sa pensée, il prend l’exemple du pont qui se maintient dans le Quadriparti :

 

  • sauver la terre : « Le pont rassemble autour du fleuve la terre comme région » : Le pont constitue une liaison entre deux lieux, contribuant à protéger la terre.

 

  • accueillir le ciel : « Là même où le pont couvre le fleuve, il tient son courant tourné vers le ciel, en ce qu’il le reçoit pour quelques instants sous son porche, puis l’en délivre à nouveau » : Heidegger montre que le pont communique avec le ciel.

 

  • attendre les divins : « il est l’élan qui donne un passage vers la présence des divins : que cette présence soit spécialement prise en considération et visiblement remerciée comme dans la figure du saint protecteur du pont, ou qu’elle demeure méconnaissable, ou qu’elle soit même repoussée et écartée » : Le pont a toujours un rapport avec les divins.

 

  • aller vers la mort : « Le pont laisse au fleuve son cours et en même temps il accorde aux mortels un chemin, afin qu’à pied ou en voiture, ils aillent de pays en pays » : Le pont symbolise le déplacement, et également le passage de la vie à la mort.

 

Pour résumer, il conclut : « Le pont, à sa manière, rassemble auprès de lui la terre et le ciel, les divins et les mortels ».


 

Enfin, Heidegger définit la notion de lieu, qui est pour lui « emplacement qui offre un espace pour exister en tant qu’homme ». Le lieu permet ainsi l’existante d’un espace, qui eux permettent de respecter le Quadriparti. Ainsi le lieu est nécessaire pour le maintien du Quadriparti.


 

Pour conclure, d’après Heidegger, l’habitat est non seulement un logement mais également un lieu respectant le Quadriparti. L’habitat est donc réservé à un mortel qui séjourne entre la terre et le ciel et qui possède des croyances divines. Le fait d’habiter devient tout un art, d’où l’expression de Hölderlin : « l’homme habite en poète ».


 

Nous avons vu que l’homme vit depuis des siècles dans un habitat qu’il améliore d’années en années, nous allons maintenant voir que l’homme, en améliorant son habitat, a besoin de confort et qu’il prend de plus en plus en compte l’écologie et l’environnement qui l’entoure.

Lycée Levavasseur, Saint-Denis, Île de la Réunion

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